jeudi 26 avril 2007

Une après midi avec la cavalerie de Philippe Heyral

GARLIN
Dimanche 15 avril 2007


J'ai demandé à Philippe Heyral l'autorisation de le suivre lors d'une course pour pouvoir faire un reportage photo sur les coulisses de la pique : préparation des chevaux, accompagnement des chevaux pour le tercio de pique.

J'arrive à la bourre et je n'ai pu assister à la préparation (l'habillage) des chevaux. Quand je m'excuse de mon retard il me reproche mon temps passé à table….en même temps je venais de me taper 80 bornes….

Philippe Heyral est un garçon très sympathique et gentil, il parle beaucoup, il est un brin moqueur, fait des blagues, l'ensemble de son équipe est tout aussi sympathique.

Au fur et à mesure que les piqueros arrivent, il leur attribue une monture.

Puis arrivent les piqueros du jour pour choisir les chevaux du paseo, et là ! Philippe Heyral change de masque, il endosse la sur chemise rouge et bleue et devient le professionnel des chevaux.
Apparemment aujourd'hui s'annonçait une après midi pénible, les piqueros n' étaient pas trop mauvais dans l'ensemble.
Le visage de Philippe Heyral s'assombrit un peu plus.

Afin de s'habituer à leur montures les piqueros passent et repassent devant nous.

Philippe Heyral arrête le premier piquero et vérifie l'éperon. "youhou putaing ! tu l'as affûté!!" et il entoure cet éperon de 5 ou 6 tours de sparadrap. Puis il vérifie l'ensemble des pieds gauche des piqueros qui sont sur les chevaux.



Et là on distingue bien que le Philippe Heyral blagueur, moqueur s'est métamorphosé en Patron, en responsable. L'ensemble de l'équipe, est tendu. Il faut amener les chevaux pour le paseo.

Un fois le paseo terminé… ah oui ! il s'agissait d'une novillada avec du bétail du Conde de Mayalde pour Joselito Adame (deux oreilles et salut). Ruben Pinar (une oreille, deux oreilles).Miguel Angel Delgado (salut et silence après deux avis).

La tension, est visible sur le visage de philippe heyral dès lors qu'un de ses chevaux est sur le point d'aller en piste.



Donc une fois le paseo terminé je rejoins l'équipe à l'arrière de l'arène. Et à partir de ce moment j'ai pu trouver des réponses à un certains nombre de mes interrogations…..

La première était, qui choisit le cheval de pique ?


En fait Philippe Heyral connaît très bien ses chevaux et connaît la majeure partie des picadors du circuit, il a aussi vu les toros du jour. Et lorsque les piqueros demandent quel cheval ils doivent prendre, Philippe Heyral leur dresse un descriptif de l'attitude du cheval en piste, connaissant les compétences de cavalier de chacun , il propose une monture.


Par exemple un piquero attends le tercio de pique en faisant des allers et venues sur un cheval et dit à philippe heyral à 2 minutes de son entrée en piste qu'il n'était jamais monté ce cheval.

Et là il faut comprendre qu'il n'était pas à l'aise sur ce cheval.

Philippe Heyral lui donne un autre cheval "moins technique" mais plus aguerri.Et justement parce qu'il connaît les piqueros il appréhende leurs réactions en piste.

D'après mes observations j'ai pu noter qu'il reprochait aux picadors leurs peu de technique cavalière d'une part mais surtout l'utilisation du cheval pendant le tercio de pique. Je m'explique : le tercio de pique est un combat entre le piquero et le toro, et non pas entre le poids du cheval et le toro.



Les piqueros ont tendance à se servir du cheval comme une forteresse, ce qui enlève toute la beauté d'un tercio de pique digne de ce nom.

Sur cette photo il suffit de voir la posture de ce piquero qui, on imagine, cherche à se cacher derrière le cheval pour piquer le toro. Notez aussi le mauvais placement de la puya.

J'ai pu assister à une scène en coulisse ou Philippe Heyral expliquait à un piquero comment il fallait tenir le cheval lors de l'assaut du toro… Tout d'abord il demande à des membres de son équipe de tester la réaction du piquero, en poussant le cheval pour simuler une charge de toro.

Puis après viennent les explications…. apparemment le piquero ne maîtrise pas suffisamment sa monture et sa main gauche est beaucoup trop haute. Donc Philippe Heyral donne quelques conseils technique au piquero.



La deuxième était, est ce que les piqueros sont des "blasés" ou des "stressés" ?
Pour la plupart de ceux que j'ai pu observer ils sont assez stressés voire même très tendu avant l'entrée en piste, comme vous pouvez le voir sur ces photos.




La troisième était, les piqueros sont ils insensibles aux critiques du public ?

Bien non, quand ça se passe mal (pour une mauvaise pique) ils pestent et jurent.

Le public ? nooon ! ils mettent en cause la non fixité du toro (?)ou la mobilité excessive du cheval (?).Un piquero a même reproché au cheval de tourner tout seul…..

Après reste à savoir pourquoi ils décident de piquer dans l'épaule, dans le dos….

Un cheval non dirigé sérieusement est livré à lui même lors de la charge du toro, alors que le piquero ne ferait que se tenir pour ne pas tomber du cheval, au lieu d'en faire un allié pour mettre la charge du toro en valeur, il en ferait un pantin, et donc rendrait le cheval vulnérable. (exemple : un toro qui fait le tour du cheval peu planter la corne dans la fenêtre du peto, dans le cas ou le piquero ne maîtrise pas le cheval)






A l'issue de cette novillada, les piqueros sont venus remercier et féliciter Philippe Heyral. Las d'avoir des chevaux trop lourds ou trop léger ils étaient heureux d'avoir pu monter des chevaux mobiles qui ne reculent pas anormalement sur la charge du toro.


Philippe Heyral peut fournir les puyas, les devises, les banderilles pour les corridas, novilladas.



Merci à Philippe Heyral et à son équipe. Merci surtout à celle qui a pu répondre à toutes mes interrogations. J'espère avoir une autre chance pour faire des photos moins floues.Maintenant je sais ce qu'il faut regarder pour un bon tercio de pique.

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